Institut d'étude marketing AUDIREP

« Changer de business models pour sauvegarder le développement économique »

3 questions à Damien Robert, conseil en stratégie.

Damien Robert

 
 
Damien Robert est un consultant indépendant, conseil en stratégie au sein de sa société New Value Paths. Il accompagne les entreprises vers de nouveaux modèles de croissance durable.

Constatez-vous également un intérêt croissant de vos clients pour les sujets sociaux et sociétaux ?

« En effet, après des années durant lesquelles les démarches de développement durable, de responsabilité sociale et environnementale, étaient majoritairement mises en place pour répondre à des contraintes réglementaires, il semble qu’elles soient devenues des sujets de directions générales. A cela, plusieurs raisons.
En premier lieu, les marchés, consommateurs comme marchés financiers, y sont devenus de plus en plus sensibles. Les actions de RSE menées par les entreprises sont devenues des critères de choix d’achat ou de financement. Par ailleurs, les crises sont venues révéler les fragilités des modèles économiques actuels, entre interdépendances entre les marchés, hausses des prix, effets climatiques sur certaines matières premières agricoles, difficultés pour certains pays de subvenir à leurs besoins… Enfin, les changements générationnels accentuent la tendance. Les générations Z arrivent dans un contexte incertain, ils veulent trouver du sens dès le début de leur vie professionnelle et pas se projeter plus tard. Même leurs aînés ont pris du recul, le matériel sans le sens a perdu la cote.
Tout cela mène à une vraie prise de conscience des entreprises qu’elles doivent repenser leurs systèmes, atteindre des business models résilients, « éco-compatibles », si elles veulent sauvegarder leur développement économique. »

Pour atteindre ces nouveaux modèles, sur quoi portent les efforts des entreprises ?

« Ils sont menés prioritairement dans les capacités de production. Les transformations économiques ont imposé le développement de l’économie circulaire. Les entreprises doivent monétiser des produits qui durent plus longtemps et changer de business model, pour passer par exemple de la vente à la location de matériel, valoriser les services de réparation, la seconde main, même dans le luxe. Mais les actions portent également sur les modes opérationnels de production avec un retour vers la production locale, un travail pour pérenniser la production de ressources provenant de pays impactés par le réchauffement climatique.
Côté social et sociétal, les entreprises sont conscientes de leur responsabilité. Leurs produits doivent répondre aux attentes des consommateurs, faire la preuve de leur impact. Les relations collaborateurs sont quant à elles impactées par un marché de l’emploi tendu et les employeurs rivalisent d’idées pour être attractifs. Des métiers comme le conseil, la tech, ont dû repenser leurs modèles sur ce plan également. »

Quel rôle tiennent les études dans ces transformations ?

« Cette évolution de la prise en considération des impacts par les consommateurs et les collaborateurs est très rapide. Tout l’enjeu est de mener cette transformation à la bonne vitesse, en validant que le consommateur s’y retrouve, en faisant les bons arbitrages pour concilier résilience et rentabilité. Le « test & learn » n’est plus possible, il ne répond pas aux besoins de changements plus fondamentaux nécessaires. Les études reviennent en force sur le devant de la scène. Elles permettent d’identifier quel segment d’un marché est prêt à consommer différemment, à payer plus cher, quels sont les leviers, la compatibilité avec l’image de marque de l’entreprise etc. et à faire les bons choix.
On n’a plus d’autre choix que de changer les choses… On a peu de temps, mais je suis optimiste. Enormément de monde se mobilise sur ces sujets, dans tous les pays, avec d’importants sauts technologiques. Mieux vaut opérer sa transformation par anticipation plutôt que sous la contrainte. »

 
Voir l’article sur le rôle des études dans la transformation des entreprises